À l’échelle d’une équipe, d’une entreprise, commencer par imaginer ensemble la réussite souhaitée est une étape initiale la plupart du temps négligée. Par volonté d’aller vite, ou parce que les leaders ont leur représentation précise du but à atteindre. Aussi peut-être parce qu’on en ignore encore l’efficacité. La science des mécanismes de la mémoire nous invite joyeusement à porter un nouveau regard sur la puissance de l’imagination collective, et à la développer sans modération !
« Il y a de nombreuses relations entre la mémoire et l’imagination », nous dit Jean-Claude Ameisen, médecin, chercheur et professeur d’immunologie à l’université Paris Diderot. Dans son émission de France Inter Sur les épaules de Darwin du 17 juin 2017, Un art de l’oubli, il nous apprend que « la mémoire ne nous parle pas seulement d’hier, elle nous parle de demain. Elle nous permet d’imaginer les futurs possibles, et pour cette raison, il est difficile de la séparer de l’imagination, de l’intuition, de l’anticipation. »
« Une fois que nous avons imaginé des futurs possibles, dit encore Jean-Claude Ameisen, ils s’inscrivent dans notre mémoire. Et plus nous imaginons ce qui n’a pas eu lieu et n’aura peut-être jamais lieu, et plus cette imagination commence à devenir une composante de notre passé. Nous « revivons » alors ce que nous n’avons pas encore vécu, ce que nous ne vivrons peut-être jamais, mais dont nous avons mentalement, affectivement, émotionnellement vécu l’expérience. Nous nous souvenons alors de l’avenir, non pas tel qu’il adviendra mais de l’avenir que nous l’avons préfiguré et qui s’est inscrit dans notre mémoire comme s’il était déjà du passé. »
Prendre le temps de partager la vision du futur
Lors du bilan de projets réussis, une phrase revient fréquemment dans la bouche de leurs acteurs : nous avons réussi car nous partagions la même vision de ce qu’il fallait faire. Nous pouvons donc avancer l’hypothèse qu’avoir imaginé ensemble l’avenir, commencé par raconter en équipe la façon dont un nouveau projet va réussir, c’est se projeter mentalement et émotionnellement dans cette réussite future, et l’assurer. Sa survenance sera d’autant favorisée qu’on l’aura d’abord imaginée, nommée collectivement, inscrite positivement dans les mémoires individuelles.
Comment tester ce nouveau champ ?
Ouvrir dans nos entreprises des espaces-temps pour se « raconter ensemble demain »
Il est dès lors possible de mettre en œuvre de nouvelles façons de démarrer un projet, une nouvelle stratégie, un plan d’action annuel porteurs de transformations. Il pourra s’agir de dispositifs collaboratifs permettant à tous les protagonistes d’imaginer non pas seulement le résultat souhaité, mais les étapes, les process nécessaires à ce résultat ; ce pourra être des moments de « racontage de demain » lors de séminaires de cohésion. Devenue souvenir de réussite commune avant d’avoir commencé, la transformation aura au passage augmenté les interactions, favorisé les postures positives, développé l’écoute, facilité la résolution des problèmes.
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