Les entreprises doivent désormais définir comment infléchir l’usage qu’elles font du monde. Elles ont avec elles leurs salariés, premières parties prenantes. Et prêts à y prendre part.
Crise sanitaire, convention citoyenne, vague verte aux municipales… L’actualité éclaire en faisceaux convergents un sujet qui prend de fait valeur d’évidence : protéger le vivant sous toutes ses formes -végétal, animal, humain- devient un entrant pour garantir la performance future. Ce sera la condition pour créer richesses, activité et emplois durables.
La tâche est complexe.
Il ne s’agit plus seulement de supprimer les bouteilles d’eau des salles de réunions, de promouvoir le vélo pour les déplacements professionnels, ou encore d’inciter les collaborateurs à des congés solidaires. L’intention est bonne, mais l’action ne suffit pas.Il ne s’agit pas de co-produire une belle raison d’être et de la publier dans le rapport annuel et sur le site internet. L’intention est louable, mais elle manque d’actes.
Il s’agit de questionner le coeur de métier de l’entreprise et d’envisager ce qui était jusqu’alors inenvisageable. Imaginer une performance responsable, en rupture avec ce qu’il convient bien de nommer « l’ancien monde ». Et agir.
La tâche est complexe parce qu’il faudrait aller vite et que pour autant, c’est une transition systémique globale qui s’opère et que cela nécessite du temps.
Demander de l’aide aux salariés est le plus petit risque à prendre…
Mais la tâche est possible, parce qu’il y a un liant majeur : les femmes et les hommes de ces entreprises-là, vendeurs, opératrices, gestionnaires de stock, responsables d’équipes, … sont autant de citoyens conscients de la nécessité d’agir. Ce sont autant de personnes qui connaissent le coeur de métier. Ce sont autant d’intelligences créatrices qu’il suffit de solliciter pour imaginer de nouvelles façons de travailler et de produire de la valeur. Ce sont autant de personnes animées du désir d’être utiles.
Les entreprises peuvent s’appuyer sur des think tank, sur des start up, sur des consultants très doctes pour réussir leur transformation. Ou pas. Mais elle ne pourront pas ne pas s’appuyer sur leurs collaborateurs. Et ça tombe bien, ils font plus que jamais partie de la solution. Leur demander de l’aide est le plus petit risque à prendre, la plus évidente des opportunités à saisir.
Faire société, décupler la confiance et réussir la transition
Demander de l’aide aux collaborateurs n’est pas compliqué en soi. Il « suffit » de leur poser des questions génératrices d’action et de projection dans un futur désirable. « Et si nous réussissions d’ici cinq ans à ne plus utiliser aucun matériau polluant pour emballer nos produits ? « Et si nous devions livrer sans polluer? » …
Il est plus délicat d’organiser et d’animer ce questionnement. Il existe autant de dispositifs d’innovation participative que d’entreprises. Ce sera pour l’une de l’intrapreneuriat, pour une autre, un lab, pour une autre encore, un challenge d’idées. Et pour une quatrième, un peu de tout cela mais pas tout à fait. Pour être efficients, ils doivent être adaptés à la culture de l’entreprise, à son mode de management, aux problémtatiques spécifiques qu’elle souhaite résoudre. Ils ont en commun le contrat de confiance que signent les dirigeants qui s’y engagent. Il débouchent toujours sur un décuplement de cette confiance,qui devient réciproque, tant les salariés apprécient d’être sollicités pour aider leur entreprise à résoudre la complexité à laquelle elle fait face.
Ils produisent de belles surprises car c’est alors le collectif entier qui se met en mouvement, fait société autour d’une transformation qui de fait, devient possible.
Merci aux auteurs et acteurs inspirants : Jean-Marie Charpentier, Martin Richer, Philippe Silberzahn, Béatrice Rousset, et toujours Vineet Nayar.
Photo Neil Thomas – Unsplash
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